image et mots
En plongeant dans d’anciens dossiers de photos, on en revient parfois avec une image oubliée. Une image négligée à l’époque, qui a dormi là des années et qui, soudain, on ne sait pas pourquoi, vous fait signe. C’est le cas de celle-ci; prise seule, impossible de dire où, quand et pourquoi cette photo. Ce n’est que grâce aux métadonnées et au contexte des photos voisines que j’ai pu déterminer le lieu de prise de vue: Monsaraz au Portugal. Un village velouté de blanc sur une colline tabulaire offrant une vue en tous sens sur les étendues de l’Alentejo et les eaux d’un immense lac. Après la fournaise de la journée, une chambre fraîche donnant sur une délicieuse cour plantée d’orangers, garnis de fruits. Une flânerie « à la fraîche », appareil photo dans le sac, et sans doute une halte dans une chapelle en travaux. J’ignore pourquoi j’ai pris cette image à l’époque, je n’en sais pas plus aujourd’hui. Intérêt persistant pour la forme de l’arc en architecture? Connivence fortuite avec certains aspects de la peinture contemporaine? Evocation d’une histoire enfouie sous un blanc immaculé? Rien de tout cela à mon avis. Je ne peux pas dire que cette image me parle, elle ne me dit rien; disons qu’elle suscite un écho énigmatique et profond. Mettre des mots sur une image, c’est plus souvent, comme ici, mettre des mots à côté d’une image.