Vent de Sable
Quelque part sur littoral Atlantique, d’immenses plages de sable fin, des dunes, et un estuaire dont les bancs de sable sont remodelés à chaque marée…C’était lors des tempêtes « Atiyah » (8/9 décembre 2019), « Fabien » (21/22 décembre 2019), et « Ciara » (9/10 février 2020), ainsi qu’à l’occasion de quelques coups de vent récents.
Le soleil n’est pas encore levé. La mer s’est retirée très loin; l’espace, dont les contours s’estompent, semble infini, vide de tout occupant. Le vent est puissant, régulier avec, par moments, quelques rafales plus intenses. L’estran est vierge de toute trace, nettoyé par la marée de la nuit. L’air en assèche la surface et soulève le sable en nappes, en vagues, en filaments qui fuient à grande vitesse en direction des premières lueurs de l’aube. Sur le plat, le tapis minéral se maintient à quelques dizaines de centimètres du sol, rendant possible la marche et les prises de vues, à condition de rester en permanence dos au vent. A l’approche des reliefs mieux vaut garder ses distances ou imaginer une délicate stratégie d’approche. Les rochers projettent le sable dans toutes les directions et la moindre bourrasque écrête les dunes en turbulences échevelées. Au moment où le soleil apparaît le contraste en contre-jour est maximal, moment privilégié pour capter des images, en profitant des courts moments de répit.
Retour au calme et à l’abri après ces récoltes d’images. Reste à travailler longuement, très longuement, sur le choix et le tirage, sans jamais perdre de vue la somme des sensations et émotions ramenées de ces quelques sorties, aussi essentielles que les photos elles-mêmes. Faire en sorte que ces images restituent un peu de la beauté des origines de cet espace momentanément purifié des interventions humaines. Et surtout ne rien perdre, de cette jubilation éprouvée à être debout au cœur des forces naturelles, de l’énergie et de la douceur enveloppante de l’air en mouvement, de la satisfaction primordiale à se trouver mêlé à la respiration de la terre.
………………………………………………………………..
Somewhere on the Atlantic coast, vast beaches of fine sand, dunes and an estuary the sandbanks of which are remodeled with each tide… It was during the storms « Atiyah » and « Fabien » (December 2019), « Ciara » (February 2020) and sometime with « gusts of wind » that followed.
The sun has not risen yet. The sea has gone back very far; the space whose outlines fade seems to be infinite, wholly empty. The wind is strong, steady, with, from time to time, more intense gusts of wind. The foreshore is blank and trackless and the night tide has cleared it. The air dries out its surface and whips the sand up made of patches, waves, or filaments that flee at full speed towards the first glows of dawn. On the flat surface the mineral part remains a few centimetres above the ground, making a walk and shots possible, as long as you keep your back turned to the wind all the time. As we approach the reliefs, we had better stay away, or think of a careful strategy of progress: the rocks throw sand in all directions and the least gust of wind cuts off the tops of the dunes in muddled turbulences. When the sun comes out again, against the light, the contrast is maximum, a chosen moment then to catch pictures with infinite cautions for the eyes and the camera, taking advantage of short breaks…
Cool down and go back to a shelter after collecting pictures. Work still needs to be done for a long time, a very long time on the selection and the print without forgetting the amount of feelings and sensations, brought back from these trips, as important as the photos themselves. To make sure that the pictures reproduce a little of the initial beauty of this space momentarily purified of human interventions. And above all to lose nothing of the jubilation experienced from standing at the very heart of the Nature’s strength, of the power and of the enfolding softness of the air in motion, of the essential satisfaction to find oneself involved in the respiration of the earth.