TI / « SOUS LE SOLEIL…EXACTEMENT »

Longtemps j’ai rêvé de désert… Longtemps ce rêve est resté inaccessible. Je le vivais à travers les images du cinéma, de la bande dessinée, les récits des voyageurs, et surtout une imagination nourrie d’expériences sensorielles dans la nature… le sable, les plages, la sensualité estivale, la chaleur, le plaisir d’évoluer dans de vastes espaces arides.

Tardivement j’ai pu concrétiser ce rêve. Certes ce n’était pas l’aventure, seulement de banals voyages à pied…ils m’ont permis de découvrir de minuscules fragments du Sahara et différentes contrées d’Afrique du nord et centrale. Ces courtes immersions m’ont plus que comblé. A chaque fois c’était comme si je quittais la banalité du réel pour rejoindre mon univers intime. J’y retrouvais intacts des sentiments et sensations datant parfois de l’enfance. Avec en prime des expériences que je n’aurais jamais pu imaginer vivre un jour, comme par exemple longer des jours durant l’univers magique de la falaise de Bandiagara ou dormir sous l’incroyable ciel nocturne du Sahara.

Puis, la chape de plomb de l’obscurantisme s’est abattue sur ces contrées. Après une décennie de « zones rouges », au moment où certaines destinations redevenaient accessibles, c’est le virus qui nous a retenus durant trois années supplémentaires. Les années se sont empilées et m’ont éloigné du bivouac, définitivement je le crains.

Longtemps (peut-être!), je vais donc à nouveau rêver de désert. Un rêve nourri de souvenirs mais aussi alimenté par des destinations plus accessibles, à la recherche de « déserts de poche » européens, ou tout simplement sur le littoral atlantique. C’est en arpentant ces espaces choisis que j’ai collecté la matière première photographique qui a alimenté cette série. Je l’ai chargée de mes émotions et de mes éblouissements. Je l’ai voulue toute en douceur, attirante, accueillante. La lumière y est vive mais pas aveuglante, voilée par un discret vent de sable.

Un monde où je respire avec félicité, fut-il imaginaire. Un monde où j’aimerais un jour pouvoir me dissoudre, ivre de lumière et d’espace.

TI / “UNDER THE SUN…EXACTLY”

For a long time I dreamed of the desert… For a long time this dream remained inaccessible. I experienced it through images from cinema, comic strips, travellers’ stories, and above all an imagination nourished by sensory experiences in nature… the sand, the beaches, summer sensuality, the heat, the pleasure of evolve in vast arid spaces.

Belatedly I was able to make this dream come true. Of course it wasn’t adventure, just ordinary trips on foot…they allowed me to discover tiny fragments of the Sahara and different countries of North and Central Africa. These short immersions more than satisfied me. Each time it was as if I was leaving the banality of reality to rejoin my intimate universe. I found there intact feelings and sensations sometimes dating from childhood. With the added bonus of experiences that I could never have imagined having one day, such as spending days spent in the magical world of the Bandiagara cliff or sleeping under the incredible night sky of the Sahara.

Then, the leaden pall of obscurantism fell on these regions. After a decade of « red zones », when certain destinations were becoming accessible again, it was the virus that held us back for three more years. The years have piled up and taken me away from the bivouac, permanently I fear.

For a long time (maybe!), I will dream of the desert again. A dream nourished by memories but also fueled by more accessible destinations, in search of European « pocket deserts », or quite simply on the Atlantic coast. It was by surveying these chosen spaces that I collected the photographic raw material that fueled this series. I loaded it with my emotions and my dazzlement. I wanted it to be very gentle, attractive, welcoming. The light is bright but not blinding, veiled by a discreet sand wind.

A world where I breathe with happiness, even if it were imaginary. A world where I would like one day to be able to dissolve, drunk on light and space.