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Morna

Mindelo - São Vicente - décembre 2017

Mindelo – São Vicente – Cap Vert – décembre 2017

A Mindelo la musique est partout, tout le temps.  Ses habitants disent même que pour dix Mindelenses, il y a onze musiciens. Cesaria Evora, la diva, est jouée et rejouée jusqu’à plus soif, mais la musique vivante est aussi présente partout à travers les groupes qui se produisent chaque jour, en tous lieux et toutes circonstances.

Dans un minuscule atelier discret, à l’écart de l’agitation du centre-ville, l’œuvre du célèbre luthier cap-verdien Mestre Batista se poursuit par les mains de plusieurs de ses fils. Ils fabriquent ici, pour les plus grands musiciens du pays, violons, guitares et cavaquinhos, la petite guitare à 4 cordes qui a fait la renommée des gratteurs de l’archipel. Eux-mêmes musiciens, ils consentent volontiers à jouer quelques morceaux après une visite de l’atelier.

Volcans

Jean-Luc Billet Photographies

Morro de Panela Quente – Santo Antão – Cap Vert – Novembre 2017

Cônes volcaniques, coulées basaltiques, dykes, nappes de cendres, bombes, hyaloclastites, ponces, pouzzolane, … Marcher sur Santo Antão c’est marcher en permanence sur un volcan. En montant vers le col de Forquinha, on évolue dans une vallée fantastique hérissée de dykes; c’est comme une visite à l’intérieur d’un cratère érodé, d’où l’on sort par une étroite faille. Au flanc des volcans de Norte, dans les coupes des falaises de basalte de la côte nord, et dans de nombreux autres endroits de l’île, affleure souvent cette couche de pouzzolane blanche qui recouvrit toute l’île lors d’une éruption il y a 200 000 ans environ. Sur la face sud, désertique, des coulées de lave semblent à peine refroidies et des cônes de volcans parfaits, à peine striés par l’érosion, ne semblent dormir que d’un œil. Suivront-ils l’exemple de Fogo, autre île du Cap Vert, dont le volcan s’est réveillé en avril 95 et obligea les habitants des villages voisins à abandonner leurs maisons?

C’est un pur plaisir d’évoluer dans ces paysages issus du feu terrestre; leur sommeil actuel ne masque pas leur force tellurique. Ce jour-là, le ciel développait des nébulosités mouvementées qui faisaient écho à leurs colères passées.

Sables noirs

Jean-Luc Billet Photographies

Boca de Alto Mira – côte nord de Santo Antão – Cap Vert – Novembre 2017

« Il ne reste plus qu’un village après Corvo, de guingois sur la muraille, puis, la présence humaine s’efface. Le promeneur solitaire chemine avec ses fantômes. Les pluies, le vent, la mer, comme des vautours, ont déchiqueté la carcasse des masses basaltiques abandonnant des sculptures d’idoles, des figures de monarques païens, des faces de lutteurs impavides ou de dieux grimaçants selon Goya. Une ambiance d’Atlantide après le cataclysme. La corniche pavée grimpe et vire, se perd dans des défilés au niveau des sables, remonte caracoler près de la cime de pyramides dont les vagues sapent la base. Un hameau déserté dans une vallée brûlée, Aragna, renforce la toile de la mélancolie. Nous repérons le port de Cruzinhas après des heures d’irréalité capiteuse… »

Jean-Yves Loude – Cap Vert, notes atlantiques.

Et de ce chemin encastré dans les falaises,

un point de vue plongeant sur les vagues atlantiques.

Flux et reflux d’écumes blanches sur fond de sable noir.

(Une autre photo dans le diaporama d’accueil).

L’île-Montagne

Jean-Luc Billet Photographies

São Nicolau vue de Santo Antão – Cap Vert – Novembre 2017

Une île vue d’un sommet d’une autre île. Les deux font partie d’un chapelet volcanique émergé de l’océan au milieu de l’Atlantique, l’archipel du Cap Vert. Parmi elles, Santo Antão, une île-montagne qui culmine à près de 2000m et consent à livrer au marcheur qui sait prendre son temps, les splendeurs de ses replis secrets. Un plateau désertique où l’on peut louvoyer entre les cratères et les cônes des volcans; des canyons colorés qui semblent vierges de toute occupation; des vallées profondes où le moindre espace disponible est cultivé, transformé par ses habitants en jardin d’Eden; et surtout des chemins improbables qui s’accrochent aux pitons, s’installent en vire dans les falaises et montent à l’assaut des murailles qui ferment les vallées. Un régal pour le photographe épris de la beauté des paysages et qui aime varier les points de vue. Une série en préparation qui sera publiée plus tard dans la rubrique « Ailleurs ».

Jim Harrison: merci

 

Jean-Luc Billet Photographie

piste dans le Sahara

« D’habitude, la plupart d’entre nous sommes perdus dans les effluves étouffants de notre existence, ou dans les aménagements dignes d’un zoo construits autour de notre vie comme autant de protections, fabriqués par nous-mêmes ou avec l’aide diligente de la culture. Il est très difficile de savoir quand il faut se faire la malle, prendre la poudre d’escampette, se glisser entre les barreaux de la cage ou de la prison. »

Jim Harrison – En marge.

« Je parle d’un sentiment plus proche de la notion portugaise de « saudade »; une personne, un lieu ou un sentiment de la vie irrémédiablement perdu; une ombre intime qui vous accompagne partout et qui, même si vous l’oubliez le plus souvent, peut à tout moment vous déchirer le cœur; une sentimentalité obstinée ou une violente colère à l’idée que vous n’êtes pas là où vous aimeriez être; une mélancolie irrationnelle et enfantine, née de la conviction que vous vous êtes vous-même induit en erreur et dupé, en épousant un mode de vie auquel vous n’avez jamais réussi à adhérer complètement. »

Jim Harrison – En marge.

« Je retrouvai cette étrange pensée, absente depuis des années, que presque tout le monde ignore le processus de la vision, car les gens sont fascinés par la simplicité de la photographie, alors  que personne ne voit ainsi. Personne n’a une vision simultanée des choses, à moins d’y travailler d’arrache-pied. Lorsque je découvris l’œuvre de Cézanne, je fus stupéfié par la compréhension de sa vision. »

Jim Harrison – La route du retour.

Merci Jim pour tous ces récits qui nous font respirer l’air de la nature vraie et des grands espaces, qui nous prennent et nous entraînent, comme des torrents dévalant les montagnes.

Fraternels

Jean-Luc Billet  Photographie

Ait Bougmez – Atlas – Maroc

« Aux gens d’une rive, ceux de la rive opposée semblent souvent des barbares, dangereux et pleins de préjugés à l’égard de ceux qui vivent sur le bord d’en face. Mais si l’on commence à passer le pont, en se mêlant aux personnes qui vont et viennent et voyagent d’une rive à l’autre, jusqu’à ne plus bien savoir de quel côté ou dans quel pays l’on est, on retrouve la bienveillance et le plaisir du monde. « 

Claudio Magris, Déplacements

Contre tous ceux qui, ici et ailleurs, cherchent à ériger des barrières entre les hommes, les peuples, les races et les religions.

image et mots

Jean-Luc Billet Photographies

Monsaraz – Portugal

En plongeant dans d’anciens dossiers de photos, on en revient parfois avec une image oubliée. Une image négligée à l’époque, qui a dormi là des années et qui, soudain, on ne sait pas pourquoi, vous fait signe. C’est le cas de celle-ci; prise seule, impossible de dire où, quand et pourquoi cette photo. Ce n’est que grâce aux métadonnées et au contexte des photos voisines que j’ai pu déterminer le lieu de prise de vue: Monsaraz au Portugal. Un village velouté de blanc sur une colline tabulaire offrant une vue en tous sens sur les étendues de l’Alentejo et les eaux d’un immense lac. Après la fournaise de la journée, une chambre fraîche donnant sur une délicieuse cour plantée d’orangers, garnis de fruits. Une flânerie « à la fraîche », appareil photo dans le sac, et sans doute une halte dans une chapelle en travaux. J’ignore pourquoi j’ai pris cette image à l’époque, je n’en sais pas plus aujourd’hui. Intérêt persistant pour la forme de l’arc en architecture? Connivence fortuite avec certains aspects de la peinture contemporaine? Evocation d’une histoire enfouie sous un blanc immaculé? Rien de tout cela à mon avis. Je ne peux pas dire que cette image me parle, elle ne me dit rien; disons qu’elle suscite un écho énigmatique et profond. Mettre des mots sur une image, c’est plus souvent, comme ici, mettre des mots à côté d’une image.

Photos publiées