Laurisylve
Laurisylve.
Versant nord de Madère, une forêt subtropicale humide, relique de forêt primaire que l’on trouve aussi sur les Açores ou aux Canaries.
On y évolue à pied dans un territoire saturé d’humidité – verticalement en empruntant les sentiers moussus qui, depuis le niveau de l’océan, conduisent jusqu’aux sommets de l’île – ou bien en suivant les parcours horizontaux des « levadas », rafraichis par les fougères humides, les pieds à deux pas d’abîmes sans fond. La brume nous plonge dans un monde feutré, entre forêt tropicale et refuge enchanté des contes de notre enfance. Tout au fond de canyons luisants, des cascades infinies semblent directement tomber des nuages, et des pissenlits géants s’écartent pour laisser le passage. Des lauriers énormes, pluri-centenaires, cultivent sur leurs branches de véritables jardins de fleurs épiphytes, voilés de rideaux de mousse. Des racines à l’air libre semblent y puiser directement les nutriments dont elles ont besoin pour croître. A l’approche des sommets, au-dessus de 1500m, il arrive que la brume s’attarde encore sur des zones malheureusement dévastées par les incendies, créant des ambiances irréelles et tragiques.
Laurisylve
Northern mountainside of Madeira a humid subtropical forest, relic of an ancient forest, which can be seen in the Azores and the Canary Islands as well.
One moves there on foot in territory saturated with humidity – vertically following then the mossy paths which from the ocean level lead to the highest points of the island or else following the horizontal routes of the « levadas » cooled by the wet ferns, with one’s feet right by bottomless abysses. We are buried by the mist in a softened world between a tropical forest and the bewitched sanctuary of the tales told in our childhood. Right at the bottom of shining canyons infinite waterfalls seem to fall straight from the clouds and huge dandelions move aside to make way for us. Enormous bay trees, more than one-hundred-year-old, grow on their branches real gardens of epiphyte flowers veiled in curtains of moss. Roots, in the open air, seem to draw directly the nutrients they need to develop. The mist as it draws near the summits, may still linger upon unfortunately devastated zones by wildfires, making unreal and tragic ambiances.